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Découvrez les robots vigiles, policiers et patrouilleurs de demain

Déjà utilisés par certaines entreprises, les robots nouvelle génération seront demain partout. Et joueront à la fois les gardiens et les nounous.

Avançant dans les allées du parking, il scrute tout mouvement, se concentre sur les sons inconnus et inspecte chaque personne passant dans son champ de vision. Avec son 1,50 mètre pour 136 kilos, K5 est un robot. Créé par la société américaine Knightscope, ce gardien du futur est équipé de capteurs, caméras et systèmes de reconnaissance qui lui permettent d’être autonome, de lire les plaques d’immatriculation ou de reconnaître les visages. Il collecte et analyse les données et alerte en cas de danger.

Dévoilé en 2015, K5 a déjà séduit plusieurs entreprises aux Etats-Unis comme Microsoft ou Uber. Des drones sont utilisés par les militaires pour le déminage ou la surveillance des frontières, et ont dernièrement été employés par la police. En juillet dernier, les forces de l’ordre de Dallas se sont servies d’un robot transportant une bombe pour tuer un sniper. Des chercheurs de l’université internationale de Floride travaillent sur Telebot, un robot policier, capable de distribuer des amendes ou de répondre aux appels d’urgence. La police de Dubai, elle, prévoit de déployer des robots policiers non armés d’ici à 2020. En Chine, l’Université de la défense nationale a créé AnBot, un androïde anti-terroriste et anti-émeute, équipé d’un outil électrisé déclenchable à distance.

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Rondes automatisées

Du côté du civil, « la sécurité-surveillance est une des applications des robots, outre l’éducation, le loisir ou l’aide à la personne », assure Catherine Simon, présidente d’Innoecho, cabinet de conseil et d’accompagnement en robotique. Plusieurs robots gardiens sont en ce moment testés. L’entreprise américaine Gamma 2 Robotics développe ainsi Ramsee, aux allures de petit cosmonaute, qui fait des rondes de surveillance. En 2014, l’entreprise de sécurité privée GS4 s’est associée à l’université de Birmingham pour tester Bob, un robot de surveillance des bureaux.

En France, la société EOS Innovation a créé Vigilante, un robot de surveillance intérieure des entrepôts. Autonome, la machine effectue des rondes automatisées. Si l’un de ses capteurs détecte un incident – bruit ou mouvement suspect, fumée, eau – elle prévient l’opérateur en charge de la télésurveillance du site, qui alors prend la main et lève le doute grâce à la caméra, au micro et aux haut-parleurs intégrés.

Preuve des espoirs suscités par Vigilante, la société Derichebourg Technologies, spécialiste de la télésurveillance, s’est associée avec EOS Innovation pour la distribution exclusive de ses produits. « Comparé à un vigile humain, le robot est plus efficace grâce à la technologie de ses capteurs. Il permet aussi de ne pas exposer l’homme au danger.

Enfin, il est plus économique : employer un vigile 24 heures sur 24 revient environ à 15.000 euros par mois, un agent partagé en télésurveillance coûte lui 25 euros par mois avec un système d’alarme classique, mais il n’y a personne sur place et pas de ronde. E-vigilante ne coûte qu’entre 2.000 et 3.000 euros par mois tous services confondus, ce qui représente un taux horaire de 4 euros », s’enthousiasme Agostino de Almeida, directeur d’activité de Derichebourg Technologies.

Pour l’instant, les entreprises hexagonales sont encore frileuses. « En revanche, nous avons un robot aux Pays-Bas, un en Suisse, un en Italie et un en Afrique du Sud », souligne David Lemaitre, fondateur et président d’EOS Innovation. Objectif : en vendre une centaine d’ici à fin 2018. « Une fois que les premières sociétés l’auront adopté, il y aura un effet boule de neige », assure Agostino de Almeida, qui ajoute : « La technique complètera l’homme : les robots feront les tâches ingrates et dangereuses. Les vigiles, désormais en télésurveillance, prendront les décisions. »

Protection rapprochée

D’après Théophile Gonos, 37 ans, ex-salarié d’une SSII et créateur en 2015 de la société A.I.Mergence, le robot protégera votre maison d’ici quelques années. Il travaille actuellement sur E-4, un modèle de forme triangulaire monté sur roues. « J’ai un jour visité une maison équipée en domotique de surveillance au coût exorbitant. Du coup, j’ai eu l’idée de créer un robot de gardiennage, simple, sans installation préalable et à un prix raisonnable », se souvient-il.

« Il reconnaît les visages, une fuite d’eau ou un feu. Il va aller « voir » et, s’il suspecte quelque chose, il envoie une photo sur le téléphone de son propriétaire. Il peut aussi déclencher une alarme et des flashs aveuglants pour faire fuir les intrus », explique son concepteur. La commercialisation est prévue pour l’été 2017. Prix de vente envisagé : « Entre 800 et 1.000 euros hors taxe, sachant que, en moyenne, un cambriolage représente 6.500 euros de perte… », ajoute Théophile Gonos, qui espère en vendre 500 dès la première année.

« Les robots domestiques, aux allures plus humanoïdes et dont les fonctions sont notamment d’assister les humains au quotidien, intègrent aussi une fonction de surveillance », ajoute Patrick Haas, directeur du journal « En toute sécurité ». Buddy, robot aux allures de personnage de dessin animé, peut ainsi divertir les enfants, les aider à apprendre une matière, ou rappeler à une personne âgée de prendre ses médicaments. Mille cinq cents exemplaires ont déjà été pré vendus avant sa commercialisation prévue pour fin 2016 à un prix de base de 700 euros.

« En cas de souci, il émet du son, vous envoie un message et vous permet de vous connecter à ses caméras à distance », explique Rodolphe Hasselvander, cofondateur de l’entreprise. A charge pour vous de prévenir la police. « Plus le robot sera connecté à son environnement, plus il sera efficace, en ordonnant à l’arrivée d’eau de se couper s’il détecte une fuite », souligne Bruno Bonnell, fondateur de la société Robopolis, spécialisée dans la distribution de robotique de service.

L’humain reste aux commandes

Imagine-t-on un robot gardien se passer de l’homme pour maîtriser un individu ? Pour David Lemaitre : « Les drones militaires transportent des armes, mais c’est toujours un humain qui tire. » L’ONG Human Rights Watch appelle d’ailleurs à une interdiction totale des robots tueurs. Le marché du robot de surveillance n’en est qu’à ses balbutiements. « Il ne dépasse pas 2 à 3 millions d’euros, tandis qu’en comparaison le marché des drones civils représentait 35 millions d’euros en 2015, estime Patrick Haas, la surveillance sera une des premières portes d’entrée du développement de l’usage des robots dans nos vies quotidiennes. »

Cela étant, le métier de vigile a toujours de l’avenir, la plupart des robots de sécurité ayant encore besoin d’ajustements. « La surveillance en extérieur est très complexe, l’environnement change : un animal qui passe, un bruit extérieur, un sol irrégulier… », explique David Lemaitre. Récemment, K5 a fait des siennes : employé dans un centre commercial, il a percuté un enfant et continué sa route, écrasant au passage un pied du bambin.

RÉSEAU ROUTIER
Prévisions sur le trafic, indications sur la circulation routière : bouchons, départs et retours des vacances… C’est le meilleur ami de Bison Futé.

RASSEMBLEMENT
Utilisé pour surveiller une manifestation, le drone permet, entre autres choses, de comptabiliser les participants.

FORCES DE L’ORDRE
Interpellations de forcenés ou de snipers, déminage, vérification de colis suspect, autant de tâches dangereuses épargnées à l’homme.

Capital.fr-Léonor Lumineau

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