Nous développons notre réflexion à partir d’un article du 25 février de Erico Mathias Tavares de l’agence de marketing Sinclair & Co (article disponible sur LikedIn et sur ZeroHedge.com), avec le titre « A Two-State Solution… For the West? ». Il s’agit d’une appréciation argumentée et chiffrée sur l’extraordinaire division antagoniste et extrémiste qui s’est installée aux USA avec Trump, qui marque également, d’une manière différente et peut-être moins spectaculaire mais tout aussi insoutenable, les pays de l’UE. Tavares embrasse donc avec juste raison la situation “de l’Ouest”, ce que nous nommons dans notre jargon “bloc-BAO”, c’est-à-dire le cœur et la substance même de notre “civilisation-devenue-contre-civilisation” dont les caractères de puissance et les “valeurs” constituent le paradigme dominant de l’époque, développé dans un esprit de terrorisation et d’une façon totalitaire. Cette “division antagoniste” à l’intérieur du bloc-BAO et, d’une façon spectaculaire, aux USA même, est évidemment le signe principal marquant la Grande Crise de cette contre-civilisation (ditto, la Grande Crise d’effondrement du Système).
Rien dans l’article de Tavares n’évoque les questions géopolitiques, financières, etc., bref tout ce qui fait d’habitude les fondements des relations internationales lorsqu’elles se développent dans un cadre accepté par tous, et aussi les causes habituelles des situations crisiques. (Même si ces relations sont conflictuelles sinon violemment conflictuelles, même si ce cadre est instable, changeant de forme, etc., il s’agit toujours de relations internationales à l’intérieur d’un cadre commun : même Hitler, apprécié comme criminel sans précédent ni équivalent, comme monstrueux, comme malade, comme fou, etc., même lui évoluait dans ce cadre commun et la preuve en fut donnée par le fait que les chefs nazis furent jugés par un tribunal occidental à Nuremberg, signifiant ainsi qu’il y avait bien un cadre commun.)
A partir de la référence à ce conflit qui nous déchire aujourd’hui parce qu’il déchire l’âme de notre civilisation, qui se définit à notre sens par l’idée d’un affrontement entre les principes et les valeurs, qui porte sur l’état des psychologies et sur l’orientation des âmes ; à partir du constat de ce conflit donc, Tavares écrit sans aucune équivoque, d’une façon qui nous satisfait tout à fait, avec notamment ce paragraphe de sa conclusion : « N’ayons aucune illusion à cet égard : c’est une division très profonde et il extrêmement improbable que nous puissions jamais retrouver un degré d’unité politique et de conception dans les sociétés occidentales comme ce que nous avons connu dans le passé. Nous sommes à un tournant fondamental de l’Histoire.
Tavares s’attache principalement à la situation actuelle aux USA, qui est résumée rigoureusement par un médian de six sondages sur l’appréciation du travail du président Trump après autour d’un mois d’exercice (cette fois, les chiffres sont si tranchants, si accordés à ce qu’on ressent d’intuition autant que de conviction de cette situation qu’on peut les prendre comme une image rigoureuse autant que comme un symbole) : 41,5% de toutes les personnes interrogées sont satisfaites de Trump, dont 39,5% parmi les indépendants (sans parti) ; pour les deux grands partis, 85,2% des républicains et 7,8% des démocrates sont satisfaits de Trump et le soutiennent. (C’est une rupture complète avec la tradition de rassemblement de tous derrière un président élu après l’affrontement de la campagne : au début, disons dans les 100 premiers jours de “l’état de grâce”, une majorité dans chaque parti se rassemble derrière le président pour signifier l’unité du pays.) La rigueur des chiffres concerne la position de Trump ; le symbole concerne l’extraordinaire division, complètement sans précédent/sans équivalent (SPSE), des États-Unis d’Amérique.
« Notice the huge disparity between Republicans and Democrats. It could not be any more striking than this – and just a few weeks after Trump’s inauguration. This reflects of what is going on across much of the US, down to family and friends. It is clearly not confined to just “millennial snowflakes”, although these tend to be the loudest. Try walking in that very progressive US neighborhood wearing a ‘Make America Great Again’ cap and see how that cold war can turn hot very quickly.
» The two sides no longer seem to agree on what a country is: if it should have borders, who has the rights and obligations in their societies and what it should stand for. Those are pretty basic – and fundamental – differences that look more and more irreconcilable by the day. Heck, there isn’t even an agreement on who is a woman and who is a man. »
A partir de ce constat qui implique une crise profonde (« …une division très profonde et il extrêmement improbable que nous puissions jamais retrouver un degré d’unité politique et de conception dans les sociétés occidentales comme ce que nous avons connu dans le passé »), Tavares développe certaines options théoriques pour envisager les modifications structurelles permettant d’espérer sortir de cette crise, dans le sens déjà vu récemment d’un redécoupage par le moyen d’une sorte de sécessionnisme ou de séparatisme, qui pourrait se faire selon la formule de “deux États” cohabitant sous un même chapeau fédéraliste (ou confédéral plutôt). L’auteur ne va pas sans aussitôt remarquer que le même problème se pose en Europe, quoiqu’à partir de données considérablement différentes, le centre-Bruxelles UE différant considérablement, dans tous les domaines concevables, du centre-Washington D.C. Quoi qu’il soit, laissons se poursuivre la logique qui aboutit à une sorte de formule “à-la-belge” que nous connaissons bien, au moins par proximité et observation “de l’extérieur” (dans l’esprit de la chose) selon notre façon de voir :
So what can be done about this?
Well, since everyone seems so keen in implementing a two-state solution in the Israel-Palestine conflict, why not do the same across the West? With one key difference: these two “states” would remain formally linked through a very limited federal/national government. Mainland Chinese public officials even have a name for it: one country, two systems. […]
Similarly, the same concept could be implemented across the European Union. If Germans, Swedes, French and the Dutch want their countries or municipalities to go full multicultural, good for them. What they shouldn’t do is impose their vision of the world through the supranational mechanisms of the European Union on the Poles, Hungarians, Finns and many others who do vigorously want to retain their culture and identities.
And that’s what we have in every election cycle, with one party seeking to push its values onto the rest of society, which is increasingly divided and at odds with each other. So the pushback from either side is predictable. New “populist” movements across Europe already threaten the very existence of that federal government (except that in Europe’s case it is anything but limited), and they will not go away any time soon.
This two-state system might be a seemingly fair way to achieve the best of both worlds, allowing both ideologies to coexist within a common governmental framework. A large scale version of Belgium if you like. But the reality is not so simple (just look at Belgium!) »
Après cette mise en garde, – « Une version élargie de la Belgique, si vous voulez. Mais la réalité n’est si simple (voyez la Belgique, justement !) », – suivent différents arguments contre cette formule, ou rendant très difficile l’application de la dite-formule. Il s’agit d’arguments réalistes mais rendus absolument théoriques par la seule dimension chronologique : ils sont envisagés à partir du moment présent alors que chaque prolongement envisagé, qui se place dans une logique de succession plutôt que dans dynamique de simultanéité, engendrerait une multitude d’effets et de nouveaux problèmes qui transformeraient complètement les événements à venir tels qu’on les prévoyait…
First, Western nations for the most have accumulated debts at the supra-regional level so large that apportioning them between the two “states” is likely to be extremely contentious. […] Second, transitioning into a multicultural society can be very problematic, as evidenced by the debate on Sweden’s immigration policies that has now gone viral, at least until a consensual set of rules and behaviors can be forged. […] Third, Western alliances would likely have to be redrawn along this split in Western aspirations. Donald Trump has more in common with Hungary’s Prime Minister Viktor Orbán than Sadiq Khan, the Mayor of London… […] Indeed, Trump proposes core nationalistic values not too dissimilar from his Russian counterpart Vladimir Putin (a key reason why the globalist media and intelligence are so keen to demonstrate a formal connection between the two). On the other hand, German Chancellor Angela Merkel – a hardcore globalist – could not be farther apart from either one.
Fourth, how can each “state” coordinate on international commercial policies with the other one, as many companies have extensive operations across the two? This cold war is now spreading to the corporate sector, with some employees feeling alienated and consumers on each side threatening boycotts and sanctions. It has come to that. And finally, a divided West is a weak West…
Sans aller à une analyse critique plus profonde des cas évoquéds qui n’est pas ici notre propos, on s’arrêtera à la mention de la Belgique, ou d’un hypothétique “modèle belge” dans le raisonnement de Tavares, avec tout de même l’avertissement, – « A large scale version of Belgium if you like. But the reality is not so simple (just look at Belgium!) » – pour observer combien cette hypothèse ou cette suggestion est extrêmement fragile (et, nous semble-t-il, plutôt offerte en désespoir de cause). Nous ne parlons pas seulement des difficultés intérieures, innombrables et souvent picrocholines cela va de soi, de la survie permanente du “modèle belge“, mais plutôt des contraintes extérieures qui ont empêché, sinon interdit son éclatement. La Belgique est enserrée dans un carcan de pressions centripètes, forçant au maintien de son unité, et renforçant de ce fait le symbole unitariste de la royauté constitutionnelle : le cadre européen, installé à Bruxelles, et le cadre euroatlantique de l’OTAN, également installé en Belgique ; l’hostilité des grandes puissances européennes entourant la Belgique, en général opposées à toute idée de rattachement des parties belges qui leur sont proches, ou proches des autres (par exemple, l’hostilité de la diplomatie française au rattachement de la Wallonie à la France), par conséquent hostiles à l’éclatement de la Belgique. La Belgique présente un cas de néo-fédéralisme proche du confédéralisme qui ne peut être apprécié sur ses vertus propres et peut par conséquent difficilement être apprécié comme un “modèle” transposable.
Cela n’est dit que pour montrer a contrario les difficultés que présente les solutions de pseudo-séparatisme ou de sécessionnisme qui sont actuellement débattues aux USA comme solution du “moindre mal”, évitant les affrontements, à partir du moment où n’existent pas les contraintes extérieures qui forcent la Belgique à être un pseudo-“modèle”. Au contraire, il nous semble que cette sorte de proposition demande trop de pré-conditions raisonnables, essentiellement et paradoxalement une bonne entente préalable des parties recherchant un statut de séparation qui constitue le contraire de l’actuelle situation aux USA où l’hostilité est à son comble. La seule référence réussie de la période est celle de la séparation de la Tchéquie et de la Slovaquie, qui s’est réalisée dans un ordre parfait au début des années1990 parce que toutes les conditions raisonnables étaient réunies, – et encore, pour aboutir à une séparation totale tant le lien du fédéralisme semblait être devenu inutile. Le cas de la Tchéco-Slovaquie est plutôt l’“exception qui confirme la règle”, c’est-à-dire une “exception” qui met victorieusement à l’épreuve une règle théorique qui existe certes, mais qui s’avère par ailleurs, notamment dans les cas envisagés, parfaitement inapplicable.
Le Diable salue l’Internationale de la Déstructuration
… D’une certaine façon, on pourrait penser que la réflexion de fond de ce F&C s’enchaîne parfaitement et gracieusement. En effet, on voit l’importance extraordinaire qu’ont acquis des problèmes intérieurs qui semblaient au départ maintenus dans le cadre des mœurs en (r)évolution et du bouleversement des us & coutumes dont la fonction, liée à la tradition, est pourtant de n’être pas bouleversée. La candidature et l’élection de Trump, qui se sont jouées et développées pour beaucoup sur ce terrain, en ont fait jaillir l’exacerbation et la violence hors de leur latence furieuse, imposant les questions sociétales déjà bouillonnantes au rang de premier domaine d’affrontement civique et, par extension, premier domaine d’affrontement de la politique. La chose a pris une telle extension qu’effectivement, comme on l’a vu, les problèmes qui ont toujours semblé dominants sinon écrasants de politique extérieure et de sécurité nationale liés à l’idéologie et à la géopolitique semblent insensiblement mais absolument passer au second plan ; un peu comme si la politique extérieure et de sécurité nationale semblait évoluer vers une sorte de “trou noir” d’un désordre absolu où ceux qui tirent leur épingle du jeu sont ceux qui conservent le plus leur sang-froid et qui échappent, sur le plan intérieur, à cette “guerre civile sociétale”, – essentiellement la Russie, certes.
Ce que nous vivons à cet égard est une sorte de “révolution invertie”. D’habitude, la révolution est d’abord un éclatement sauvage de la violence, jusqu’à l’anarchie, à la terreur, à la tyrannie, avec ensuite, une fois cette violence apaisée, une (r)évolution sensibles des meurs, et la disparition des us & coutumes pour leur remplacement par de nouvelles formes prétendant d’une façon absurde à une posture traditionnelles… Il s’agit des effets sociétaux qui naissent et se développent à partir des premiers impératifs sociaux imposés par la violence de la révolution. L’inversion est aujourd’hui complète : on découvre le surgissement de nouveaux comportements sociétaux, et la tentative de suppression des us & coutumes par quelque chose d’entièrement nouveau, sans qu’il y ait eu la révolution nécessaire pour les engendrer et les imposer. Tout se passe comme si nous avions les effets de la révolution sans la révolution, ou bien encore les effets de la révolution avant la révolution… Dans ce dernier cas, chacun ayant pu mesurer les effets de cette révolution non encore faite, il est très possible, il est infiniment possible que la révolution dont on attend qu’elle confirme ses effets qui l’ont précédée, se transforme en une contre-révolution violente, contre les effets de la révolution-qui-n’a-pas-encore-eu-lieu...
Le caractère complètement inhabituel et inverti de cette situation est largement confirmé par les réactions de plus en plus violentes aux conséquences sociétales qu’une partie veut imposer au nom de cette révolution-qui-n’a-pas-encore-eu-lieu. Cela étant constaté et pour faire franchir un palier à la réflexion et retrouver notre champ habituel, l’on sait bien à quoi est due cette situation si particulière ; elle s’est réalisée sous l’empire de la domination d’un Système déstructurant, qui est en lui-même une révolution totalement nihiliste puisqu’absolument et aveuglément déstructurant, et qui a imposé, notamment grâce à une manipulation diabolique du système de la communication, ses effets notamment sociétaux.
La violence de cette poussée est telle que les pseudo-“effets de la révolution” prétendent égaler en fait d’anarchie, de terreur et de tyrannie, ce que serait une révolution elle-même. Par conséquent, ces questions sociétales qui semblaient devoir être cantonnées dans le débat social et civique normal sont devenues des formes oppressives d’une idéologie nihiliste qui représente parfaitement la tyrannie du Système, – leur masque est tombé, à cet égard. Il est donc impossible de considérer les deux parties, –partisans et adversaires des effets sociétaux de la pseudo-“révolution-qui-n’a-pas-encore eu-lieu”, c’est-à-dire des pressions du Système en vérité, – comme étant une alternative politique et humaine courante de la sempiternelle “querelles des anciens et des modernes” ; cela est impossible, essentiellement grâce à la représentation qui est faite à une vitesse extraordinaire de la modernité d’être une caricature et un simulacre, conduit par une hypertrophie du paroxysme de la psychologie et de la banalisation de l’hystérie… Puisqu’enfin, il est devenu évident que la modernité, parallèlement à la fuite en avant de la révolution sociétale, a elle aussi laissé tomber son faux-nez pour apparaître selon ce qu’on soupçonnait depuis longtemps qu’elle est : un vrai masque pour dissimuler le Système…
On comprend alors l’importance que prennent les questions sociétales jusqu’à usurper la place des questions de politique extérieures. Au reste, il y a de la logique dans cette pirouette, qui nous fait ne pas abandonner complètement le domaine. Les questions sociétales se développent selon des normes qui en font après tout une ligne centrale de politique extérieure ; elles constituent un lien fondamental et très puissant d’une politique idéologique et d’une agitation révolutionnaire activement alimentées par les principaux pays du bloc-BAO, comme le ferait une Internationale de la Déstructuration ; mieux encore, cela est réalisé avec la complicité active des directions et des élites de ces pays, – directions-Systèmes et élites-Système bien entendu… Ces derniers temps, cette belle mécanique a rencontré son fameux grain de sable, avec l’introduction d’un élément imprévu dans le moteur central de l’ensemble ; le grain de sable, l’élément imprévu pourtant venu du Système, c’est-à-dire Trump, transformant effectivement la douce et irrésistible marée galopantes des questions sociétales en un féroce ouragan d’affrontement entre des forces opposées, chacun étant soudain et enfin à découvert et les questions sociétales faisant surgir partout leurs oppositions antiSystème.
Par conséquent, outre d’observer les effets de violents soubresauts causés par ces questions sociétales parvenues à la provocation d’un antagonisme d’une sorte de violence révolutionnaire, il est aussi question de choisir son camp de toute urgence, puisqu’il s’avère évident que le Système est de la partie ; et ce camp ne peut être que du côté de tout ce qui s’oppose au Système… Dans ce cas, les questions sociétales ne peuvent plus être appréciées pour elles-mêmes, mais d’abord pour des instruments au service du Système, et leur dialectique de modernisation et de libération n’ont plus que la valeur d’un piètre simulacre : elles ne sont que des outils de la déstructuration aveugle, de la course à la néantisation, du nihilisme mécanique du Système. C’est dire enfin, et en un mot, combien l’on doit peu espérer de ces formules raisonnables de séparatisme, de sécessionnisme, etc., dans une sorte de concorde “à l’amiable” car la partie sociétales, en gros les globalistes et les progressiste-sociétaux, dont nombre tiennent la fonction toujours prisée d’“idiots utiles”, n’est pas du genre qui accepte des compromis de séparation “à l’amiable”, de cohabitation séparée dans le respect réciproque. Ce qu’ils veulent, c’est l’anéantissement de leurs adversaires, selon les consignes du Système, – si l’on veut, dans ce cas, les “Deplorable” dans le rangement dialectique hautement intellectuel d’Hillary Clinton. Il importe de le comprendre et de le savoir.
Reste la sempiternelle interrogation du “pourquoi ?” ultime, de la Cause Première et de la Fin Dernière de ce courant déstructuration-dissolution-entropisation paré des riches atours de l’humanisme, sinon du posthumanisme. Le cas intéressant que nous montre la situation actuelle est que ce mouvement, victime de lui-même selon le principe d’autodestruction, montre désormais à ciel ouvert son extrême avidité de passer à la phase de la dissolution et du nivellement globalisé, avec l’être réduit à un débris de l’entropisation, pour rien d’autre que l’accomplissement de cette entropisation, Cause Première et Fin Dernière enfin réunies… Pour cette explication finale, nous ne pouvons faire que convoquer une fois de plus, et avec un entrain renouvelé comme lorsque vous vous jugez en droit de crier “Eureka !” dans votre bain, la figure centrale du Diable, comme nous l’avons déjà fait; parce que, en toute simplicité, lui seul, le Diable, peut inspirer une telle furie destructrice (déstructurante) sans être but que de faire ce qu’elle fait. Cela s’explique notamment avec cet extrait du texte référencé :
« Tout cela, certes et on l’a compris évidemment, pour nous mener à la conclusion que nous nous trouvons devant la terrible simplicité du Mal qui implique nécessairement l’existence du Diable. (Cette simplicité affreuse du Mal qui rend si complexe la recherche de son antidote et explique qu’on puisse rencontrer, en plein désarroi, ce que tel auteur nommait ‘l’ambiguïté du Bien’.) Nous nous trouvons devant “la terrible simplicité du Mal”, c’est-à-dire de son évidente brutalité, tout cela si puissant jusqu’à cette surpuissance que nous évoquons constamment à propos du Système, qu’il nous faut convoquer le Diable et tout ce que cela suppose de façon de voir, de percevoir et de penser, pour continuer à supporter la terrible charge de tenter de comprendre ce qui est en train de se passer, pour déterminer la vérité-de-situation. »
On verra alors que l’acte de faire intervenir dans le contexte métahistorique qui importe de tels acteurs à part ô combien entière et tels qu’ils sont, – le Mal, le Diable, etc., – les faire intervenir dans le mécanisme de la pensée et du jugement suscite un formidable rajeunissement de l’esprit, un raffermissement extraordinaire du caractère et une mesure puissante et tonitruante de la valeur de ce qu’est la liberté de l’esprit ; c’est-à-dire la transformation de la liberté, de la situation contrainte et abaissée de “valeur” liée à une idéologie dont l’accomplissement est la liquidation de la liberté de l’esprit, en un principe intangible qui est à la base de la puissance ontologique de l’esprit. En pensant de la sorte, nous mettons le Diable en échec, – un peu comme dans une partie d’échecs, – un peu comme le curé qui montre la croix au vampire, mais à notre façon, sans nécessité d’une baignade dans le bénitier.