Home / Monde / Afrique / La mère de toutes les “color revolutions”

La mère de toutes les “color revolutions”

Il n’est pas sûr que Trump ait bien mesuré la façon dont il assurait indirectement la promotion des filles de The Squad, donc leur puissance communicationnelle, en intervenant auprès de Netanyahou pour qu’il interdise l’accès d’Israël à deux d’entre elles, Rashida Tlaib et Ilha Omar. Non seulement l’affaire fait vraiment très mauvais effet auprès du parti démocrate et des juifs américains dans leur jugement sur Israël, mais elle donne à The Squad une formidable influence, complètement disproportionnée par rapport à la masse de Brute Force politique que ces quatre jeunes députées démocrates de la Chambre des Représentants seraient censées représenter dans le “monde normal”, le monde d’avant… 

(« Il n’est pas sûr que Trump ait bien mesuré la façon… », bla bla bla ? Sauf si Trump est bien ce personnage dont nous constatons chaque jour l’existence indirecte, involontaire et paradoxale, mis où il est pour alimenter le désordre du pouvoir américaniste et la schizophrénie-paranoïaque, ou paranoïa-schizophrénique de “D.C.-la-folle”. Dans ce cas, son action quasiment promotionnelle par rapport au Squad est cohérente… Au reste, notre jugement [celui de PhG dans cette occurrence] a toujours été, depuis leur apparition, que les filles du Squad représentent des éléments perturbateurs au même titre que Trump, de la même trempe, pour la même mission exactement : « Les filles du Squad sont aussi insaisissables que Trump, tantôt alliées absolues du Système, tantôt radicalement antiSystème. […] En un sens, elles ont introduit dans le parti démocrate, ou “aile gauche du Parti unique”, le même désordre-chaos que Trump a introduit dans le parti républicain, ou “aile droite du Parti unique”. Les deux s’équivalent, pour cette raison ils se haïssent jusqu’à la mort. » )

Quoi qu’il en soit, le résultat de la notoriété des quatre jeunes femmes du Squad est donc leur fantastique puissance dans le domaine de la communication, et leur utilisation parallèle à celle de Trump du tweet, considéré comme une énorme grenade explosive et incendiaire qu’on lance sans explications inutiles. Ainsi en est-il d’un récent (dimanche) tweet de Omar, avec vidéo rapide sur la grande foule de 1,7 million de personnes rassemblées à Hong-Kong ce même jour : “Could we take back our democracy if 1.7 million Americans marched for it?” (« Pourrions-nous nous réapproprier notre démocratie si 1,7 million d’Américains marchaient pour la réclamer ? ») Comme Hong-Kong est désormais considéré dans l’interprétation de communication, hors des geignements-PC de la presseSystème et des salons-plateaux TV, comme faisant partie du cycle des “révolutions de couleur” (la confrérie des color revolution), l’intervention d’Omar nous signale que le cycle est promis à s’achever dans une quasi-perfection orbitale aux USA

(On observera aussitôt que cela ne serait que justice et justesse grammaticale… Hannah Arendt, notamment, n’a garde de nous rappeler dans son Essai sur la révolution qu’une “révolution” désigne d’abord une orbite dans l’espace où le corps céleste dont on observe le déplacement termine sa propre séquence en revenant à son point de départ. C’est exactement le cas : née aux USA du délire révolutionnaire de l’expansion sans fin du chaos “démocratique” tel que la chose est ouvertement proclamée à partir de 9/11 [et notamment dans le discours de GW Bush de janvier 2005 sur l’extension de “la liberté”, ou de la démocratie, à la vitesse et selon l’image folle d’un incendie de l’esprit comme brûle une forêt de sécheresse, faisant référence au  nihiliste Peter Verkhovenski des Possédés de Dostoïevski, comme transcription du vrai Sergei Nechaev], la “révolution de couleur” termine son orbite dans une apothéose, là où elle a été conçue par la fondamentalité subversive et invertie du système de l’américanisme, bras armé du Système.)

Si grande est l’influence en apparence complètement artificielle des maîtresses-filles du Squad (comptez dans ce début de phrase les termes afférents à l’insaisissabilité de la réalité, caractère essentiel de l’“étrange époque”) qu’il suffit de ce tweet d’Omar pour susciter l’idée d’une “révolution de couleur”, Made In USAwithin & throughout USA. Le texte (du 20 août sur RT.com) est d’un auteur Serbo-Américain, Nebojsa Malic, collaborateur de RT.com après avoir été à Antiwar.com, très peu apprécié des globalistes proches du TPI d’Amsterdam qui le traitent d’antisémite d’extrême-droite, – badge classique sinon carte de visite, certes, des tribunaux bienpensants-PC, – et qui a une connaissance approfondie du concept de la “révolution de couleur” puisque son pays, la Serbie en octobre 2000, en connut la première application.

Dans ce texte, Malic rappelle tout de même que les appels à “prendre la rue” ne datent, pour ce qui concerne les USA par rapport à la légalité de leur système de “gouvernance” si vanté, ni du Squad ni d’Omar, mais bien des présidentielles USA-2016 où les réseaux proches du parti démocrate (le mouvement Resistance)ont décrété que l’élection de Trump ne pouvait être acceptée en aucune façon, qu’il faudrait descendre dans la rue pour liquider la “bête immonde & orange”. Dès janvier 2017, une personnalité, le colistier d’Hillary Clinton, le sénateur Tim Kaine, démocrate de Virginie, déclarait que « les démocrates devaient “se battre dans la rue” contre le nouveau président, ainsi qu’au Congrès et devant les tribunaux ». Mais ce que Malic a bien saisi, c’est la coïncidence indubitable qu’Omar fait entre la dernière livraison d’une “révolution de couleur” (Hong-Kong), et les USA, qui constitueraient, comme le Parc des Princes du bon vieux temps pour le Tour de France au bon vieux temps d’avant les robots, quelque chose comme l’étape ultime de l’orbite du processus. Ce faisant, Malic donne à voir l’incarnation autant que le symbole que constitue la démarche de la jeune Omar, à savoir que la color revolution est manifestement un processus-Système fait absolument pour conduire à bien la transmutation surpuissance-autodestruction : la “révolution de couleur” propulsée par la surpuissance du Système (du système de l’américanisme) et destinée à semer le chaos jusqu’à l’entropie, revient, tel un boomerang et accomplissant ainsi sa destinée transmutée de surpuissance actant comme moyen d’autodestruction.

Par ailleurs, il est ô combien normal que ce soit une Ilhan Omar qui ait songé à cette comparaison hautement symbolique, – laquelle à notre connaissance n’avait pas été faite auparavant, dans tous les cas par une personnalité de ce calibre communicationnel. Il y a en effet quelque chose de magique, dans le sens de la magie noire ou de la malédiction, du mauvais sort jeté sur la création du Système que sont les USA, dans cette comparaison-exhortation que fait Omar, jeune révolutionnaire portant foulard et sourire éblouissant, venue de son Soudan natal qui fait partie du chaos Tiers/Quart-Monde semé par la machinerie guerrière occidentalo-américaniste, puis nationalisée américaine, puis élue de cette bien étrange Fake-nation aux grotesques prétentions impériales que sont finalement les USA, au milieu d’une civilisation si grotesque qu’on est conduit à y voir une contre-civilisation en pleine effervescence.

L’idée, si elle est reprise, – et elle a bien entendu toutes les chances de l’être, – doit pouvoir impressionner suffisamment les fragiles psychologies américanistes, et encore plus celles des élites-zombie, pour conduire à des perceptions impliquant la possibilité, puis la nécessité de troubles profonds aux USA. On pourrait croire, en observant la situation actuelle aux USA, – celle que l’incroyable stupidité de nos cohorte des élites-Système ignorent avec une volonté presque héroïque à force d’être farouche dans son aveuglement, – que le processus de la color revolution, qui est une variante hyper-sophistiquée par la communication des classiques “révolutions” qui commencent par l’émeute poissarde et qui ne deviennent révolutions que si le pouvoir couard tombe, a été mis au point pour revenir à son créateur, les USA, et enfin réaliser sa mission suprême qui est l’autodestruction.

(Texte sur RT.com le 21 août 2019, de Nebojsa Malic, avec comme titre originel « ‘Color revolution’ comes home? Democrats target Trump with regime-change tactics »).

DDE

La “révolution de couleur” revient à la maison

L’appel de la députée Ilhan Omar lancé aux Américains pour “nous réapproprier notre démocratie” en imitant les protestations de Hong Kong n’est que le dernier épisode du glissement des démocrates vers des tactiques de “révolution des couleurs” pour obtenir le pouvoir qu’ils ont perdu dans les urnes.

« Pourrions-nous nous réapproprier notre démocratie si 1,7 million d’Américains marchaient pour la réclamer ? » a demandé Omar (D-Minnesota) dimanche, en retweetant une vidéo montrant ce qui est présenté comme la foule des Hongkongais “en marche”.

Les manifestations secouant le territoire semi-autonome chinois ont commencé à la fin du mois de mars, à propos d’un projet de loi d’extradition, mais elles se sont poursuivies longtemps après son retrait, avec des manifestants portant des drapeaux américains et britanniques tout en exigeant démocratie, liberté et “droits humains”. Cela a conduit les autorités chinoises et une grande partie de l’opinion publique à croire que les protestations constituent une “révolution de couleur” soutenue par l’Occident.

Pour Omar, cependant, les Hongkongais qui protestent ne sont qu’une incidence accessoire : sa cible réelle est le président américain Donald Trump. Ce n’est pas la première fois qu’un démocrate demande des tactiques radicales pour évincer Trump. Le [mouvement anti-Trump] de la soi-disant “Résistance” les prône depuis le moment sa victoire aux présidentielles de 2016.

Nous ne parlons pas ici de célébrités comme Alec Baldwin qui appellent à renverser le gouvernement américain “de manière ordonnée et formelle et selon la loi”. Le colistier d’Hillary Clinton, le sénateur Tim Kaine (D-Virginie) a déclaré dès janvier 2017 que les démocrates devaient “se battre dans la rue” contre le nouveau président, ainsi qu’au Congrès et devant les tribunaux.

Huit membres du Congrès l’ont littéralement fait en juin 2018, en bloquant une rue à Washington, DC, pour protester contre les “séparations familiales” à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Bien qu’ils aient fait de gros efforts pour se faire arrêter, la police a refusé de le faire. L’un des législateurs était le représentant Joe Crowley (D-New York), qui s’est même évanoui d’épuisement à cause de la chaleur. Cela ne lui a pas suffi : un mois plus tard, il était battu aux primaires démocrates par Alexandria Ocasio-Cortez, qui allait devenir l’une des vedettes radicales du parti démocrates, membre du groupe The Squadformée avec Omar et deux autres députée.

AOC, comme on la surnomme, a amené les protestations contre les politiques d’immigration de Trump à un niveau supérieur, qualifiant les centres de détention de “camps de concentration” et exigeant l’abolition de l’agence gouvernementale chargée de faire appliquer les lois sur l’immigration.

Les communautés “marginalisées” n’ont “d’autre choix que l’émeute”  a déclaré AOC lors d’une émission de radio le mois dernier, ajoutant qu’elle voulait dire “dans le monde entier”, y compris les “communautés appauvries” aux États-Unis.

Entre-temps, la représentante Rashida Tlaib (D-Michigan), – une autre de The Squadavec AOC – a déclaré que le mouvement pour le changement aux États-Unis commence avec “vous tous qui vous trouvez dans la rue” venus pour soutenir l’action radicale au Congrès.

Pour autant, les quatre de The Squadne sont pas les seules à préconiser ce genre de comportement. La représentante Maxine Waters (D-Californie), a acquis une certaine notoriété en appelant à une confrontation publique avec des membres de l’administration Trump. Elle n’est pas revenue sur sa déclaration et les médias ne lui ont pas demandé de le faire.

Presque toutes les protestations démocrates contre toutes les politiques de Trump ont été accompagnées de rhétorique hyperbolique et de performances publiques manœuvrant entièrement en fonction des médias, cherchant à intimider, – plutôt que de persuader, – le président et son parti pour qu’ils fassent marche arrière. Il ne s’agit pas d’une démocratie réelle, comme l’ont envisagé les Athéniens, ni même d’une république développée à Rome telle que les Pères Fondateurs ont cherché à la reproduire. Le mouvement recommandé ressemble davantage à la tactique concoctée par le gouvernement américain pour les “révolutions de couleur” à l’étranger.

Décrite par un journaliste sympathisant du Guardian comme “l’ingénierie de la démocratie par la pression sur les des urnes et la désobéissance civile” et un “modèle pour orienter la victoire dans les élections d’autres peuples”, la tactique de la révolution de couleur a d’abord été déployée à Belgrade en 2000. Moins de 18 mois après avoir échoué à forcer un changement de régime par la guerre, les États-Unis ont réussi à atteindre cet objectif grâce à des “valises bourrées de billets” acheminées vers des militants de l’opposition cooptés, organisant des manifestations de masse et faisant de la propagande.

Il semble maintenant que ce virus, développé comme une arme politique pour une utilisation à l’étranger, est en train d’infecter la politique intérieure américaine avec le même effet toxique. Le fait que les gens qui réclament cette sorte d’action le fassent au nom du “sauvetage de notre démocratie” n’est qu’une de ces énormes ironies dont l’histoire a le secret.

Nebojsa Malic

Laisser un commentaire