On demande au candidat démocrate à la présidence, Joe Biden, de s’engager à verser 14 000 milliards ($) Dollars de compensation à la communauté africaine-américaine pour les années d’esclavage, s’il est élu. Fera-t-il cette promesse, pour s’empresser de l’oublier une fois à la Maison Blanche ?
S’il est un temps où la communauté noire américaine est en bonne position pour exiger des réparations pour avoir été soumise à la traite des esclaves pendant des siècles, c’est bien aujourd’hui. Suite à la mort de George Floyd des mains d’un policier blanc, le pays est en proie aux convulsions des feux de la contestation d’un océan à l’autre. Dans le même temps, une grande partie de la population, lorsqu’elle n’ajuste pas ses masques chirurgicaux, geint et se lamente à propos de son prétendu “privilège blanc”. Pour compliquer encore cette dépression nerveuse nationale, nous sommes à cinq mois de ce qui promet d’être l’élection présidentielle américaine la plus controversée et la plus importante de notre histoire récente.
Parlons donc de Joe Biden, 77 ans, le candidat démocrate présumé à la présidence, qui pourrait être tenté d’ouvrir la pompe à billets de banque pour apaiser les Black Lives Matter et mettre fin au pillage, à l’incendie et au chaos général qui ébranlent les États-Unis jusqu’en leurs tréfonds. De ce point de vue, on n’a pas perçu comme une forme très subtile de corruption et de chantage l’intervention du sénateur de l’État du Delaware, Darius Brown, suggérant fortement à Biden de faire tout ce qu’il pouvait pour financer les réparations.
“Vous, les gens dans cette salle, nous vous aimons”, a déclaré M. Brown lors d’une cérémonie à l’église cette semaine, où M. Biden était l’invité d’honneur. « Mais nous sommes ici non seulement pour vous aimer, mais aussi pour vous pousser … [à] soutenir la base démocratique afro-américaine. Et il ne devrait pas s’agir d’une étude sur les réparations, mais bien d’un financement des réparations.”
Le message était aussi clair que troublant : si Biden veut la bénédiction de la communauté noire en novembre, promettre des réparations est le moyen le plus rapide de l’obtenir. Alors, de combien d’argent parlons-nous exactement pour réparer l’un des chapitres les plus douloureux de l’histoire américaine ? Selon le milliardaire Robert Johnson, le fondateur de Black Entertainment Television (BET), un “transfert de richesse” de l’ordre de $14 000 milliards permettrait de remettre les pendules à l’heure. Curieusement, Johnson n’a jamais révélé comment il est parvenu à un tel chiffre, qui s’élève à quelque $350 000 pour chacun des 40 millions de Noirs vivant aux États-Unis.
Cette évaluation astronomique soulève tant de questions qu’elle fait tourner la tête. Tout d’abord, de nombreux Américains, principalement de la droite, feront valoir que le pays a déjà réalisé des efforts financiers massifs pour la communauté noire sous la forme de programmes sociaux coûteux, – comme la “discrimination positive”, accordant des avantages particuliers aux minorités précédemment discriminées dans des domaines tels que l’activité professionnelle et l’éducation. Tout cela faisait partie du programme national de la “Great Society” de Lyndon Johnson, qui a aussi dépensé des $milliards pour financer un système de protection sociale pour les personnes défavorisées, ainsi que des programmes qui ont bénéficié à tous les Américains, comme Medicaid et Medicare.
En outre, il n’y a pas de plus grande ironie que l’hypothèse d’une communauté noire considérant Joe Biden comme son sauveur politique. Après tout, ce n’est un secret pour personne que de nombreux Noirs ont subi des revers financiers majeurs pendant la présidence d’Obama, alors que Biden était vice-président. Le pourcentage de propriétaires noirs qui ont été expropriés à cause du retard sur leur prêt hypothécaire a été multiplié par 20 entre 2007 et 2013, alors que seuls les 10 % d’Américains les plus riches, – en grande partie composés de Blancs, – ont vu leur patrimoine personnel augmenter grâce à des plans de sauvetage massifs des banques qui ont permis de maintenir la valeur des actions au-dessus de la moyenne.
En même temps, il n’est pas passé inaperçu aux yeux de nombreux Américains, – en particulier des membres du parti démocrate, – que Biden n’a pas fait grand-chose pour aider la communauté noire sur le front de la justice tout au long de sa longue carrière politique.
À l’époque où Biden était sénateur, il a soutenu le projet de loi de 1994 sur la criminalité, – officiellement connu sous le nom de Violent Crime Control and Law Enforcement Act, – qui frappait les récidivistes de lourdes peines de prison, même pour des délits relativement mineurs. En conséquence, le système judiciaire a connu une explosion de la population carcérale, principalement composée de Noirs.
Le sénateur Kamala D. Harris, qui a été nommé comme possible colistier de Biden, a dénoncé le comportement législatif de l’ancien vice-président en matière de criminalité.
“Ce projet de loi sur la criminalité… c’était la première fois que nous avions une loi fédérale structurée sur trois délits”, a déclaré Harris. “Elle a financé la construction d’un nombre considérable de prisons dans les États.”
A part le fait que Biden semble être un personnage bien peu qualifié moralement pour distribuer des réparations à la communauté noire, il y a une question beaucoup plus urgente concernant le montant astronomique demandé. Quelqu’un a-t-il pensé qu’une somme aussi faramineuse ne signifiera pas grand-chose si les États-Unis font faillite alors qu’ils luttent pour payer une telle dette ?
Ces derniers temps, l’idée s’est imposée que l’Amérique est une source inépuisable d’argent et qu’elle peut tout simplement se sortir de tout problème en faisant tourner “sa planche [électronique] à billets”. Du renflouement du système financier à hauteur de $700 milliards en 2008, à la signature par Trump de la loi CARES de $2 000 milliards pour faire face aux retombées économiques de la pandémie Covid-19, il semble que les poches profondes de l’Oncle Sam n’aient pas de fond. Mais tôt ou tard et d’une façon ou l’autre, quelqu’un devra payer ces factures impayées, et ce “quelqu’un” sera le contribuable américain, – ce qui inclut la communauté noire.
Compte tenu de son soutien douteux à la communauté noire dans le passé, Biden, fidèle à la tradition politique, pourrait rapidement oublier sa promesse de réparation une fois à la Maison Blanche. Ce ne serait certainement pas la première fois qu’un homme politique oublierait une promesse faite en cours de campagne.
Enfin, n’oublions pas la possibilité, – même si elle est très hypothétique pour l’instant, – que Trump, qui a montré durant sa présidence sa tendance à ne reculer devant aucune dépense, au besoin en faisant follement tourner les imprimeuses électroniques de billets, décide de “conclure un accord” avec la communauté noire, résolvant ainsi la question des réparations une fois pour toutes. Après tout, il est connu pour son “art of the deal”.
Robert Bridge - DDE