Le président Obama, qui a si aimablement reçu son successeur Donald Trump, semblerait décidé selon DEBKAFiles (14 novembre) à tenter d’empêcher ce qui semblerait s’ébaucher, selon la même source, comme une alliance Moscou-Ankara-Trump pour conduire une offensive anti-Daesh avec prise de la ville de Raqqa par des forces terrestres turques soutenues par l’aviation russe. (Selon DEBKAFiles, Trump voudrait que Raqqa soit pris avant son inauguration du 20 janvier 2017.) Pour ce faire, Obama renverserait radicalement une politique vieille de cinq ans et aurait ordonné la livraison de matériels ultrasophistiqués (missiles antichars et sol-air) aux milices kurdes-syriennes pour bloquer l’offensive turque et ainsi contrecarrer l’alliance déjà signalée.
La même source rapporte que Trump est en contact actif avec les Russes et les Turcs notamment sur cette affaire, et qu’il fait envoyer d’anciens officiers US dans les provinces kurdes, en Irak et en Syrie pour suivre l’évolution de la situation. Parallèlement à l’offensive sur Raqqa, l’offensive pour reprendre le contrôle de Alep devrait aller à son terme. Le terme de ses manœuvres entérinerait le changement complet de la stratégie US, c’est-à-dire une grande coopération avec Moscou et un rapprochement décisif avec le régime Assad en Syrie.
Un point particulier qu’on doit retenir de la nouvelle de DEBKAFiles est qu’on pourrait arriver, par le biais de forces de ces alliances en pleine modification et commanditées pour ces missions, à une sorte d’affrontement sur le terrain entre Obama et Trump. Il s’agit du point selon lequel les Russes et les Turcs, qui surveillent les transferts de matériels, décideraient avec l’accord de Trump d’attaquer et de détruire les convois ravitaillant, sur ordre d’Obama, les milices kurdes en armements sophistiqués.
Half a dozen long convoys of trucks carrying US arms, hurriedly put together by US military headquarters in Baghdad, have crossed the border in the last three days on their way to the Syrian Kurdish PYD-YPG militia, DEBKAfile military and intelligence sources report exclusively Monday, Nov. 14. The deliveries were expressly ordered by President Barack Obama in a radical turnaround from his five-year refusal to supply Kurdish fighters with American weaponry, least of all anti-air and anti-tank missiles. More arms convoys are being organized for the same destination.
What caused President Obama’s sudden and belated change of heart about arming the Syrian Kurdish fighters? Our sources report six motives:
1. To get in the way of the deal for Syria that president elect Donald Trump is developing with Presidents Vladimir Putin and Tayyip Erdogan. Obama has chosen Syria as the first arena to disrupt the incoming president’s foreign and security policies.
2. DEBKAfile’s Moscow and Ankara sources report that the accord taking shape between Trump and the Russian and Turkish leaders would have the Turkish army, with Russian air support, mount an offensive to retake Raqqa from ISIS. The Russians and Iranians would meanwhile wind up the battle to defeat the Syrian rebels still holding out in eastern Aleppo.
3. The timeline they have sketched for the conquest of Raqqa is mid-January 2017 in time for Donald Trump’s inauguration as president and well ahead of the defeat of ISIS in Mosul, Iraq. The Trump’s strategic team reckons that the Obama plan to retake Mosul is heading for fiasco, because the Iraqi army after four weeks of fighting is still held back by ISIS resistance from breaking through into the city. Trump is therefore hoping to steal the march on Obama in the war on ISIS by seizing Raqqa before he steps into the Oval Office. Obama, aware of this, has determined to throw a spanner in his successor’s works.
4. The president elect has posted retired US officers to Kurdish provinces in Syria and Iraq as his emissaries for on-the-spot- reporting.
5. Armed with US heavy weapons, the Syrian Kurdish militia, which numbers 45,000 troops, is capable of upsetting the Turkish army’s role in the conquest of Raqqa – that is if Erdogan decides to divert the military forces he has deployed in Syria and Turkey to the anti-ISIS operation. He might be dissuaded from this step when he realizes that a Kurdish army, substantially upgraded with US weapons, is sitting in northern Syria just across the Turkish border.
6. Our military sources don’t rule out the possibility of Turkey and Russia, whose spy planes are tracking the arms convoys for the Kurds, deciding to bomb them before they reach their destination. The Trump team of strategist advisers is no doubt in hectic consultation on this course with Moscow and Ankara.
Si DEBKAFiles donnent dans ce cas des informations justes ou au moins allant dans le sens de la vérité-de-situation, comme il l’a souvent fait ces derniers mois lorsqu’il s’agit des méandres de la politique US et surtout dans le cadre des rapports avec la Russie, on est conduit à constater d’abord l’extraordinaire rapidité avec laquelle l’arrivée de Trump modifie le paysage politique au Moyen-Orient. Plus encore, on est conduit à faire l’hypothèse de la rapidité également pour Trump lui-même (son équipe, ses relais, etc.), pour sa préparation et son implication, sinon son intervention dans les affaires internationales, surtout dans ce chaudron bouillonnant qu’est la Syrie et ses alentours ; telle que présentée, cette situation se concrétise effectivement à une rapidité prodigieuse par rapport à ce qu’on pouvait supposer du niveau s’activité, de professionnalisme, de contacts et de réseaux à établir et à mettre en place, de l’ensemble Trump. Il faut alors avancer certaines hypothèses supplémentaires, et notamment celle selon laquelle la Russie a sans guère de doute joué un rôle central dans cette adaptation et cette implication de l’équipe Trump dans la crise autour de la Syrie. On y ajouterait puisqu’il s’agit de DEBKAFiles et de ce qu’on sait des relations esquissées entre Trump et Israël dans un cadre d’où les Russes ne sont pas éloignés, qu’il ne serait pas étonnant qu’Israël apprécie d’un œil placide sinon favorable l’évolution en cours.
Ces nouvelles laissent par ailleurs entendre que la Turquie semblerait avoir évolué très nettement dans le sens de la dynamique initiée par la Russie, et cela dans le cadre nouveau qui se dessine avec l’administration-à-venir (Trump) et déjà presque en activité. On peut alors trouver une autre indication dans un autre article, du général Flynn qui est dans l’équipe de sécurité nationale de Trump, publié le jour même de l’élection (TheHill.com, le 8 novembre) et donc rédigé avant la victoire de Trump. L’article prend très fortement parti pour Erdogan, dans le cadre du conflit opposant Erdogan aux USA à cause de l’asile politique que les USA donnent à l’adversaire d’Erdogan, Fethullah Gülen (où l’on découvre, hasard bienvenu, la précision faite par Flynn que Gülen est, par une connexion indirecte, un fidèle donateur de la Clinton Foundation et un “my friend” des Clinton). Dans le cadre de ce qu’on peut observer six jours plus tard selon l’hypothèse DEBKAFiles sur l’alliance, ou la convergence Moscou-Ankara-Trump, l’article peut servir de référence et de confirmation par anticipation.
It is fair to say that most Americans don’t know exactly what to make of our ally Turkey these days, as it endures a prolonged political crisis that challenges its long-term stability. The U.S. media is doing a bang-up job of reporting the Erdogan government’s crackdown on dissidents, but it’s not putting it into perspective.
We must begin with understanding that Turkey is vital to U.S. interests. Turkey is really our strongest ally against the Islamic State in Iraq and Syria (ISIS), as well as a source of stability in the region. It provides badly needed cooperation with U.S. military operations. But the Obama administration is keeping Erdoğan’s government at arm’s length — an unwise policy that threatens our long-standing alliance.
The primary bone of contention between the U.S. and Turkey is Fethullah Gülen, a shady Islamic mullah residing in Pennsylvania whom former President Clinton once called his “friend” in a well circulated video. Gülen portrays himself as a moderate, but he is in fact a radical Islamist. He has publicly boasted about his “soldiers” waiting for his orders to do whatever he directs them to do. If he were in reality a moderate, he would not be in exile, nor would he excite the animus of Recep Tayyip Erdoğan and his government. For those of us who have closely studied the careers of Seyed Qutb and Hasan al Bana, the founders and followers of the Muslim Brotherhood, Gülen’s words and activities are very familiar… […]
…However, funding seems to be no problem for Gülen’s network. Hired attorneys work to keep the lucrative government source of income for Gülen and his network going. Influential charities such as Cosmos Foundation continue their support for Gulen’s charter schools. Incidentally, Cosmos Foundation is a major donor to Clinton Foundation. No wonder Bill Clinton calls Mullah Gülen “his friend.” It is now no secret that Huma Abedin, Hillary Clinton’s close aide and confidante, worked for 12 years as the associate editor for a journal published by the London-based Institute of Minority Muslim Affairs. This institute has promoted the thoughts of radical Muslim thinkers such as Qutb, al Bana and others. »
On peut encore signaler, dans l’article du général Flynn, un parallèle qui en surprendra certains lorsqu’il compare Gülen en exil “actif” aux USA à l’ayatollah Khomeini en exil “actif” en France jusqu’en 1978, ce qui est faire par logique de circonstance une analogie inattendue entre Erdogan et le Shah ; ce qui conduit Flynn a dénoncer le rôle terroriste de l’Iran à cette époque, jusqu’à la dénonciation du Hezbollah, alors que par ailleurs il semblerait bien que l’administration dont il devrait faire partie sera objectivement au côté de l’Iran des ayatollah et du Hezbollah, et d’ailleurs de cette Turquie d’Erdogan dont on faisait plus haut un équivalent du Shah. La complication dans les détails des labyrinthes des situations locales et régionales et des psychologies soumises à tant de circonvolutions est au rendez-vous, comme toujours, à part que, au-dessus de tout cela, les grands axes d’évolution sont en train de subir une sérieuse remise à jour…
Dans cette complication, une seule chose apparaît nettement, qui est l’antagonisme entre Obama (et les Clinton) d’une part, et Trump d’autre part. A nouveau, dans cette simplicité retrouvée, on retrouve également l’affrontement entre le Système et celui qui, également dans cette occurrence, tient le rôle de l’antiSystème avec divers compagnons de fortune, les solides Russes et le pétillant valseur Erdogan, qui fait un tour de plus pour se retrouver en anti-islamiste d’occasion. Un autre enseignement très net peut en être retiré, qui est la nième confirmation de l’exceptionnalité de cette présidentielle USA-2016, dont les péripéties sembleraient donc gagner le champ de bataille de la guerre sans fin de Syrie, selon une occurrence jamais vue du point de vue d’une telle implication dans la politique active pour la fameuse période interregnum si longue aux USA (deux mois, venus des quatre mois initiaux jusqu’en 1933). Cette période est en général présentée comme un temps d’une complète paralysie de l’exécutif et de sa diplomatie, même celles qui furent précédées d’agitations type October Surprise (les interférences de Nixon dans les négociations USA-Hanoï en 1968, l’accord en 1980 entre Reagan et l’Iran des ayatollahs pour différer la libération des otages de l’ambassade US de 1979). Ce n’est vraiment pas le cas, sans surprise d’ailleurs, pour USA-2016 : depuis le 8 novembre, on a appris que le traité de libre-échange trans-Pacifique TPP était mort, puisqu’il ne sera pas ratifié par le Sénat comme le voulait Obama, et l’on peut maintenant avancer l’hypothèse qu’il y a deux politiques de deux administrations US concurrentes en train de s’opposer activement dans la crise de Syrie & alentours.