(nouvelobs.com). L’information, connue des autorités depuis un an, mais maintenue confidentielle, est une bombe à retardement. Selon « le Point », les noms de 2.626 agents du renseignement ont été retrouvés chez une jeune femme, fichée S pour radicalisation.
Mina B., 25 ans, a été entendue en avril 2007, dans le cadre d’une autre enquête judiciaire portant sur ses liens avec la mouvance radicale. La jeune femme avoue alors, selon le site de l’hebdomadaire, avoir aidé financièrement et hébergé en septembre 2016 Sana O., une connaissance très radicalisée, privée de son passeport après avoir tenté à deux reprises de rejoindre la Syrie. Elle l’aurait également accompagnée au moins une fois à la gare.
De très nombreux policiers toujours en fonction
C’est lors d’une perquisition à son domicile que les enquêteurs vont mettre la main sur plusieurs éléments inquiétants. D’abord un téléphone portable, dont Mina B. se servait pour effectuer des recherches sur un terroriste belge de la cellule de Verviers, liée aux attentats du 13-Novembre et de Bruxelles, et aujourd’hui démantelée. Puis un ordinateur sur lequel ils découvrent des discussions sous pseudonyme prouvant que la jeune femme est en contact avec plusieurs djihadistes. Et enfin, donc, selon « le Point », « une clé USB remplie de documents et fichiers de police sensibles, comprenant notamment une liste… de 2.626 agents du renseignement ».
Cette liste, que Mina avait pris le soin d’effacer, date de 2008, souligne l’hebdomadaire.
« Elle correspond à des policiers affectés à la Direction de la surveillance du territoire (DST) et aux Renseignements généraux (RG), au moment de la création de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), qui a fusionné en partie les deux entités », détaille encore « le Point ».
« De très nombreux policiers de l’époque présents sur la liste sont toujours en fonction. D’autres ont quitté le renseignement. »
La découverte est jugée tellement inquiétante qu’une seconde enquête préliminaire est ouverte et que Mina B. est mise en examen en octobre 2017.
D’où proviennent les fichiers ?
Dès lors, les enquêteurs se sont évidemment penchés sur la provenance des fichiers découverts.
Ce qui, selon « le Point », pourrait expliquer la vague d’interpellations de ce lundi en lien avec l’enquête sur l’assassinat des deux policiers de Magnanville par Larossi Aballa, en 2016.
La jeune femme a en effet été extraite lundi de sa cellule de Fresnes pour être interrogée par la sous-direction antiterroriste (Sdat) sous le régime de la garde à vue, dans le cadre de l’enquête ouverte sur l’attentat de Magnanville.
Dans le même temps, une policière de 48 ans, ex-responsable départemental du syndicat policier Alliance, son fils de 26 ans, et sa fille de 30 ans ont été interpellés. La fille de la policière, présentée comme radicalisée, aurait invité chez sa mère… Mina B. ! Le domicile de la policière avait été perquisitionné en 2016 dans cette affaire, mais l’enquête de l’IGPN, « la police des polices », avait conclu à une absence d’infraction et la policière, qui ignorait que sa locataire était fichée S, avait été mise hors de cause.
Le frère de Mina B., décrit comme un proche de Larossi Aballa serait également entendu par la Sdat, affirme « l’Express ».
La jeune femme a-t-elle profité de son incursion dans l’entourage de la policière pour voler cette liste confidentielle et ô combien sensible ? On peut le supposer… Mais le parquet ne souhaite pas commenter ces informations pour le moment, assure « le Point ».
R.F.