Il y a quelques années, la seule évocation de son nom relevait presque du tabou. Son image plus encore : on recense à peine trois clichés, pris en cachette. Mohamed Mediène, aliasToufik, ancien combattant de la guerre d’indépendance a toujours inspiré crainte ou révérence. Sa personnalité et son influence dans les cercles du pouvoir n’ont cessé d’alimenter légendes et fantasmes à tel point qu’il est surnommé Reb Dzaïr (« le dieu de l’Algérie »). Il est le dernier des « janviéristes » qui ont décidé le 11 janvier 1992, l’interruption du processus électoral favorable aux islamistes du Front islamique du salut (FIS) et un des tenants de la faction dure de la classe dirigeante politico-militaire, le « clan des éradicateurs » partisan de l’élimination par la force de tous les terroristes de la branche armée du FIS et opposé à tout dialogue avec eux.
L’affaire Chakib Khelil, l’origine de la brouille
Une rumeur tenace voudrait que l’ancien patron du DRS se soit opposé à la candidature de Bouteflika en avril 2014. Rien n’est plus faux, affirme Toufik. « Le quatrième mandat n’est pas la cause de notre désaccord, a-t-il déclaré devant un visiteur. J’ai posé la question de confiance au président : « Est-ce que vous êtes en mesure ou non de faire un quatrième mandat ? » Il a répondu « oui ». » L’origine de leur brouille, puis de leur divorce est plutôt à chercher dans les affaires de corruption qui ont éclaboussé Chakib Khelil, ministre de l’Énergie et ami d’enfance de Bouteflika.
Mediène confie en effet que les relations avec le locataire d’El-Mouradia ont commencé à se dégrader quand le DRS a fait éclater le scandale, en janvier 2010. « C’est comme si le ciel lui était tombé sur la tête », dit en substance le général à la retraite. Un ministre qui a très bien connu les deux hommes y va de son explication : « C’est le président qui a demandé au DRS d’enquêter sur les affaires de corruption et c’est encore lui qui a demandé que les dossiers soient transmis à la justice. Mais il n’a pas apprécié la médiatisation de ces scandales. »
Des confidents affirment selon ‘Jeune-afrique’ que Toufik affirme: « qu’il n’avait pas démissionné. Je savais que le président allait me démettre, affirme t-il » Depuis septembre 2013, date à laquelle l’effeuillage du DRS a commencé, son limogeage était en effet régulièrement annoncé. Dans une interview au lance-flammes donnée en février 2014, Amar Saadani, secrétaire général du FLN, ira même jusqu’à réclamer la démission de Toufik, l’accusant d’être indirectement impliqué dans l’assassinat de Boudiaf et des moines français de Tibhirine, ou dans l’attentat avorté contre le chef de l’État.
L’homme a-t-il alors de nouveau songé à rendre son tablier ? « Je suis un républicain, a-t-il expliqué. Si j’avais démissionné, cela aurait fait désordre dans l’institution militaire et j’aurais été obligé de révéler publiquement les raisons de mon départ». Or s’il est un responsable algérien qui a toujours répugné à émettre le moindre avis au grand jour, c’est bien Mediène. « C’est un soldat discipliné et un soldat ne démissionne pas, rappelle une de ses connaissances. Ce n’est pas dans sa culture d’alimenter critiques et attaques contre la présidence, contre l’armée ou quelque autre institution. Il n’est pas homme à faire des esclandres ».
Mais depuis la condamnation de l’un de ses meilleurs collaborateurs en l’occurrence Monsieur anti-terrorisme, le Général Hassan par un tribunal que tous qualifient de criminel et de contraire au droit. Toufik s’est retrouvé dans l’obligation de prendre la défense de son ex-subordonné qui à ses yeux n’a commis aucune infraction aux règlements des services, mais plutôt qu’il est victime d’un règlement de compte pur et simple pour son excellence dans ses missions. La lettre de Toufik est un témoignage devant l’opinion nationale et internationale sur ce qui se trame en Algérie, après le refus du Tribunal militaire d’Oran de l’entendre comme témoin en faveur du général Hassan. Ce témoignage, vient après la lettre d’une autre ponte de l’Armée algérienne en la personne du général Nezzar, ancien chef d’état major et ancien ministre de la défense durant les sombres périodes du terrorisme. Il a qualifié la condamnation du général Hassan de jugement criminel vide de toute base juridique. La classe politique et les partis d’opposition ont dénoncé le verdict, le tribunal et l’opacité qui règne en maitre sur le pays.
Des réactions d’idiots, d’abrutis, d’imbéciles et de corrompus; se font entendre par ci et par la sur instructions des cercles opaques qui oscillent autour de la présidence et des centres de décision pour tenter d’affaiblir l’aura de Toufik et des courants patriotiques qui veulent sauver l’Algérie de l’effondrement. Le dernier en date est la réaction d’un personnage particulièrement intrigant sur l’ensemble de sa carrière pour devenir une personnalité parlementaire; c’est monsieur Baha Eddine Tliba sur TSA.com qui a osé ouvrir le feu des critiques sur le général Hassan et Toufik, c’est dire à quel niveau nous sommes arrivé. Quand l’ignorance, l’incompétence, la corruption et la violence font ménage ensemble.