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Tulsi est-elle une sorcière ?

On s’étonnait avec quelque impatience que la vertu et l’échafaud ne se soient pas manifestés plus tôt… Enfin, nous y sommes et ZeroHedge.com/TheDuran.com peuvent, de concert, exprimer leur soulagement : « It’s becoming increasingly clear that Gabbard is just another Putin puppet who likely assisted Russian hackers in their efforts to take down Hillary…we sincerely hope the Congress launches an immediate investigation. »

Effectivement, la raciste, xenophobe et homophobe, machiste, white-supremacist, pro-Poutine & pro-Assad, antisémite, couarde & traîtresse Tulsi Gabbard est enfin l’objet de l’attention bienveillante des gardiens vigilants de la fosse aux sorcières. Le McCarthysme original, vraiment, fait cour de récré à côté du McCarthysme-postmoderne de Washington D.C.-Alice in Wonderland. Gabbard est la dernière sorcière en date que l’ogre édenté ait à se mettre sous la dent, pour avoir scandaleusement affirmé que l’attaque contre la Syrie du 6 avril n’était pas justifiée, n’était pas légale, n’était pas humanitaire, n’était pas héroïque, n’était pas intelligente — alors qu’au contraire, elle est bien tout cela, comme chaque jour le montre davantage. Cette attaque et les commentaires qu’elle suscite nous font béer de fascination presque admirative devant l’abysse d’au-delà du sans-fond qu’atteint l’hébétude de la néantisation intellectuelle de nos dirigeants-Système et leurs hordes de zombies-Système ramassant les ordures derrière eux. Du point de vue de la pensée et si la pensée à une odeur, le purin, à côté, sent la rose du printemps “qui ce matin avait déclose”.

« Sporting a sweet new “Resist” picture on Twitter, Neera Tanden, President of the Center for American Progress and author of numerous embarrassing email exchanges with John Podesta, called on Hawaiians to oust their Representative, Tulsi Gabbard, for having the audacity to question whether Assad was responsible for the recent chemical weapons attacks in Syria.»

 Of course, we’re almost certain that Neera’s comments had nothing to do with the fact that Gabbard was one of the few House democrats to throw her support behind Bernie Sanders in the 2016 presidential election rather than Tanden’s chosen candidate, Hillary.

 Nevertheless, here is Gabbard speaking with Wolf Blitzer of CNN who, like many of his colleagues in the MSM, seems to suddenly be very trusting of the Trump administration. […]

 Gabbard, who sits on the Armed Services and Foreign Affairs committees, drew criticism earlier this year when she took a somewhat mysterious trip alone to meet with Assad in Syria without alerting House Speaker Paul Ryan.  The liberal Democrat subsequently explained she simply wanted to engage in dialogue with Assad though it clearly burned some bridges within her own party. Per CNN :

 Gabbard told CNN on Friday that she wants to achieve peace in Syria, “Why should we just blindly follow this escalation of a counterproductive regime-change war?” “There’s responsibility that goes around,” Gabbard said. “Standing here pointing fingers does not accomplish peace for the Syrian people. It will not bring about an end to this war.“

 «Meanwhile, former DNC chair Howard Dean also decided to join in on ganging up on Gabbard, but he immediately got shut down by a follower who asked the obvious question of why engaging in dialogue was disqualifying for Gabbard but violating federal record retention laws and a Congressional subpoena was perfectly fine for Hillary… »

Ce texte de ZeroHedge.com autant qu’une description sarcastique des attaques contre Tulsi Gabbard ont leur place dans le défilé des nouvelles de Washington D.C. In Wonderland, mais ils sont aussi un signe convainquant de l’accélération de la dynamique de désordre dans laquelle l’attaque contre la Syrie n’a mis aucun ordre puisqu’elle a provoqué exactement le contraire. On s’en serait douté, certes, mais pas à la Maison-Blanche ni au Congrès.

En d’autres mots, les attaques contre Gabbard nous disent d’une façon plus générale que la montée du désordre incohérent au moins depuis fin-2015/déut-2016 dans la vie politique aux USA, centré sur la relation antagoniste avec la Russie et la dénonciation hystérique de tout ce qui est russe ou ce qui s’y rattache (Assad et la Syrie), cette montée du désordre ne cesse d’accélérer. Si l’on considère, comme certains l’ont supposé, que le but (?) de Trump avec son affaire syrienne était notamment de faire cesser les attaques contre lui comme “marionnette de Poutine”, c’est sans aucun doute que l’on n’a pas compris l’exacte nature de ces attaques. On ne peut raisonner avec des manœuvres prétendument rationnelles, comme le sont effectivement des machinations de cette sorte, un désordre qui est d’essence à la fois irrationnelle et psychiatrique.

(Bien entendu, nous jugeons là d’une hypothèse qui n’est certainement pas la nôtre. Pour nous, la décision de l’attaque contre la Syrie n’est pas une “manœuvre rationnelle” et elle a aussi bien montré la grande part d’irrationnel, – son côté téléréalité disons, pour faire bref, – du président Trump. Au reste, les conséquences de l’attaque, qui se font sentir essentiellement sinon uniquement à Washington D.C. In Wonderland, découvrent une production extraordinaire d’explications extravagantes de tous les côtés, aussi bien dans l’administration qu’au Congrès, des changements constants d’attitudes [notamment les “flips-flops” de Tillerson sur le sort d’Assad, dont CNN a fait une rubrique, – on en vient à admettre que CNN fait pour une fois un commentaire acceptable, c’est dire où nous en sommes…] Tout se passe comme s’il y avait eu une attaque, un missile strike contre Washington D.C. In Wonderland et non pas contre la Syrie…)

Le traitement entamé contre Gabbard montre que la campagne de néo-McCarthysme, ou de McCarthysme-postmoderne, se produit avec toujours cette montée paroxystique de la férocité, accompagnée de son cortège de sottise, de ridicule et d’incohérences. Le parti démocrate semble enfermé dans une sorte d’asile qu’il s’est créé lui-même, qui invite à une constante radicalisation de sa radicalité désormais devenue sa raison d’être. Les républicains, eux, tentent de suivre puisqu’ils ne peuvent imaginer envisager une autre orientation qu’une radicalisation ; ils peinent à le faire parce qu’ils sont le parti du président, prétendument d’un président réhabilité aux yeux du Système, mais sans que cette pseudo-“réhabilitation” apporte le moindre rangement et le moindre apaisement dans ce parti déstabilisé complètement depuis la montée et la victoire de Trump.

Certes, le McCarthysme-postmoderne est sans aucun doute plus violent et plus incandescent que ne fut le vrai McCarthysme, mais il est aussi complètement incontrôlable, notamment par ceux qui sont censés en profiter. Ce McCarthysme-postmoderne n’a justement pas un Joe McCarthy, à la fois pour le rendre réellement efficace comme dans les années 1950, à la fois pour disparaître en éliminant de ses positions Joe McCarthy comme cela fut fait en 1953-1954 ; il n’a rien d’humain qui puisse prétendre à son contrôle, et répond à une impulsion générale venue du Système, et dont l’effet semble d’abord affecter, psychologiquement, ceux qui prétendent le contrôler et en tirer profit sans savoir ni dans quelle intention ni pour quel but. Le McCarthysme des années 1950 constituait le développement d’une phobie propre à l’américanisme, mais qui avait des effets politiques favorables ou défavorables selon ce qu’on en voulait, et qui effectivement s’avérait contrôlable. Le McCarthysme-postmoderne est complètement autobloquant, il s’annihile lui-même en même temps qu’il se déchaîne, montrant bien ainsi qu’il est une production du Système.

Normalement, comme on l’a vue agir jusqu’ici, et notamment son courage sinon son héroïsme, Gabbard devrait pouvoir résister à ces attaques, sinon même se renforcer contre elles et envisager des possibilités de contre-attaque. Elle n’est pas seule, notamment avec pour allié principal Rand Paul au Sénat et quelques autres parlementaires qui se distinguent épisodiquement, selon les arguments développés, de la meute générale pour des raisons diverses. Puisqu’il n’y a pas de Joe McCarthy mais un courant général qui est généré par le Système, cela signifie que ceux qui relaient ce McCarthysme ne sont nullement unis et même s’affrontent entre eux. Il s’agit du McCarthysme du désordre, sans aucun frein et finalement sans aucun but que lui-même, – le désordre pour le désordre, – et ceux qui parviennent à y résister, – Tulsi Gabbard pour notre propos, certes, – pourraient bien se retrouver en position de force si le désordre atteint un point de rupture.

Confiance, donc, dans Tulsi Gabbard, à propos de laquelle nous venons de lire, alors que nous terminons cet article, cette hypothèse en forme de fervente prière que le Saker US introduit dans l’article qu’il vient lui-même de mettre en ligne  :

« The next four years will be terrible, I am sorry to say.  Our next hope – however thin – for somebody sane in the White House might be for 2020.  Maybe Tulsi Gabbard will run on a campaign promise of peace and truly draining the swamp?  Maybe “America first” will mean something if Gabbard says it?  Right now she seems to be pretty much the only one refusing the accept the “Assad did it” nonsense.  So maybe she can provide the mix of peace and progressive social policies so many Americans really want?  Maybe she could become the first woman President for all the right, rather then wrong, reasons. I don’t know.  2020 is still very, very far away, let’s just hope we all make it to that date before some imbecile in DC decides that war with Russia is a good idea. »

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